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It's time to move on.
13 septembre 2023

Rester c'est exister, voyager c'est vivre.

Je lisais mes textes, en espérant trouver une pépite, un truc à retravailler, un écrit à publier. Et puis… je me suis rendue compte qu’aucun de mes textes ne pouvaient retranscrire ce que je ressens aujourd’hui. Vous savez, quand on vous parle de tournant ? Quand on vous dit « tu verras un jour, tu auras le déclic ! »

Je crois que ça y est, après mille boucles interminables, après tant de larmes, tant d’espoir brisé, d’incompréhension, après beaucoup de pertes, très peu de gain, après la flemme, la non envie de se lever de son canapé. Après les « je ne sais pas gérer mon argent », « je ne sais pas dire non », les « j’ai peur du regard des autres ».

Après la peur, la haine, l’injustice, les regrets, les trahisons.

Après tout ça,

Après l’attente d’un miracle,

J’ai compris.

J’ai compris que les miracles n’existent pas, que si t’es dans une boucle inarrêtable, il suffit de poser le pied par terre, pour qu’elle puisse enfin se figer. Il n’y a pas de miracle ma belle, parce que c’est toi qui décides des chemins à prendre.

On est dans un jeu, un gigantesque jeu de cartes, où faut se méfier de la pioche, où les jokers ont toujours un revers, et où les cartes des autres peuvent être aussi bonnes que mauvaises à prendre.

Regarde-le bien, retient celles que tu ne joueras pas tout de suite, car elles te serviront plus tard. Commence la partie avec les cartes de force moyenne, pour ne pas paraître éclatée dès le début, mais pour pouvoir briller à la fin.

Avant la chute y a toujours un obstacle, et avant l’obstacle y a toujours un terrain plat. Mais ce qui compte, c’est ce que tu fais après la chute, c’est ce que t’en fais, comment tu la prends, comment tu t’en sers.

Ça y est, je m’envole, je m’envole et j’emmerde tous les gens qui n’ont jamais cru en moi. J’emmerde cette putain de juriste qui m’a regardé droit dans les yeux et qui m’a demandé ce que je foutais là, après quatre ans d’étude. Je l’emmerde parce qu’elle a brisé ma confiance en moi, parce qu’elle me fait encore faire des cauchemars après six années. Je l’emmerde oui, mais je la remercie surtout. Parce que sans elle, j’aurais probablement été prétentieuse. Je n’aurais pas connu l’échec, ni la déception dans les yeux de mes parents. Je n’aurais pas su qu’il y avait des millions d’autres choses à faire, qu’il n’y a pas de sous-métier, et que surtout, on n’est pas obligé d’en faire qu’un seul pour le restant de ses jours. Je n’aurais pas appris à aimer mes collègues, même quand ils n’ont rien en commun avec moi. Je n’aurais pas approché de si près la pauvreté, et je n’aurais jamais relativisé sur la mienne. Je la remercie d’avoir vu que je n’étais pas faite pour ça, que quelque chose d’autre m’attendait. Je veux plus, et j’aurais plus.

C’était à moi de croire en moi, c’était à moi d’arrêter d’avoir peur.

roue

Et c’est alors que j’ai posé le pied par terre, pour arrêter cette roue qui tournait à l’infini. J’ai dit au revoir sur mon dernier passage, en hauteur sur mon siège, j’ai salué une personne en bas, qui était assise dans cette roue avec moi depuis trop longtemps. Elle a pris le portillon sans même un adieu, mais je sais ce que tourner le dos veut dire. Je lui en veux oui, mais je la remercie aussi. Merci d’avoir fait de mon enfance un tas de rebondissements, de m’avoir appris à embrasser, de ne pas m’avoir laissé seule quand mes copines le faisaient. Merci de m’avoir tenue la main le temps que j’en ai eu besoin, et merci de l’avoir lâché à temps…

Une autre personne est assise à côté de moi, j’ai parfois changé de place pour ne plus être à côté d’elle, mais je n’ai jamais voulu changer de wagon. Elle en a vu des tours de roue, des centaines et des centaines, mais elle est toujours restée à mes côtés. Elle m’a appris à pardonner, à comprendre les différences, à s’en servir comme d’une force. Et elle m’apprend encore, chaque jour. Je l’emmènerais avec moi quand on ouvrira le portillon.

On arrive en bas, et je serre dans mes bras un spectateur, le seul qui est resté regarder d’en bas après avoir payé son tour de manège. Il a fait un tour avec moi, mais il y avait bien trop de maux pour lui dans cette roue. Il est descendu et attend toujours que je le fasse à mon tour. Merci d’avoir été la plus humble, la plus drôle, la plus indulgente des personnes que je connais.

Puis avant de continuer de marcher sur la terre ferme, je vois une personne, dans le dernier wagon, celui qui était juste derrière le mien. Elle me voit et me fait un air mi-triste, mi-content. Je lui fais signe de venir, il y a de la place pour tellement de monde quand on quitte le manège. J’espère qu’il va me suivre, car il manque à ma vie, mais il était trop présent pour que je m’en rende compte. Et s’il le fait, j’espère être la personne qu’il a toujours voulue que je sois.

Je prends la rue à droite, ça sent la barbe-à-papa, j’attrape ma camarade de wagon par le bras et je l’embrasse tendrement sur la joue, elle me serre dans ses bras, ces mêmes bras où j’ai retrouvé toute confiance en moi à tellement de moments de ma vie. Je lui dis au revoir, mais pas adieu, elle a sa propre route à tracer et j’ai la mienne à inventer.

Quelles que soit les personnes sur mon passage, elles pourront partir et revenir, elles pourront me voir et ne plus me regarder ensuite. Je suis descendue de ce manège où on ne voyait que moi, où je ne vivais que pour ça. Je suis descendue et j’espère ne plus jamais remonter.

La roue tourne encore, et parfois, je la regarde au loin. C’est tentant les tours de manèges, ça fait vriller, ça fait oublier, ça donne des sensations fortes. Mais on appelle ça « un tour », et une fois qu’on a fait le tour, on n’a pas avancé.

La roue continue de tourner, mais moi j’avance désormais. 

 

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